La Caméra de Claire de Hong Sangsoo
Film recommandé

La caméra de Claire

Hong Sangsoo

Distribution : Jour2fete

Date de sortie : 07/03/2018

Hong-Kong, France - 1h09 - DCP - image : 1.85:1 / son : 5.1

Lors d’un voyage d’affaires au Festival de Cannes, Manhee est accusée de malhonnêteté par sa patronne, et licenciée.
Claire (Isabelle Huppert), se balade dans la ville pour prendre des photos avec son Polaroïd. Elle fait la rencontre de Manhee, sympathise avec elle, la prend en photo.Claire semble capable de voir le passé et le futur de Manhee, grâce au pouvoir mystérieux du tunnel de la plage.
Désormais, Claire décide d’accompagner Manhee au café où elle a été licenciée. C’est le moment de découvrir le pouvoir de Claire à l’œuvre…

HORS COMPETITION – FESTIVAL DE CANNES 2017

Avec : Isabelle Huppert Claire • Kim Minhee Jeon Manhee • Chang Mihee Nam Yanghye • Jung Jinyoung So Wansoo •Yoon Heesun Sungyeon • Lee Wanmin Kwak Seungwon • Kang Taeu Kim Joongwoo Shahira Fahmy • Mark Peranson

Ecrit et réalisé par Hong Sangsoo  • directeur de la photographie Lee Jinkeun • montage Hahm Sungwon • son Seo Jihoon • montage son Kim Mir • musiques Dalpalan • directeur de production Lee Jeahan • producteur exécutif Kang Taeu • produit par JEONWONSA Film Co. • coproduit par Les films du Camelia

Hong Sangsoo

Fils de parents divorcés, un officier de l’armée sud-coréenne, et une employée de maison de production de films, Hong Sangsoo découvre le cinéma en regardant les films hollywoodiens à la télévision. Au cours d’une conversation bien arrosée, un homme de théâtre suggère à ce garçon désoeuvré de se lancer dans la mise en scène. Hong Sangsoo s’inscrit alors à l’université de Chungang, à Séoul, dans le département « théâtre et cinéma ». Il part ensuite vivre aux Etats-Unis, étudiant au College of Arts and Crafts de Californie et à l’Art Institute de Chicago, où il réalise plusieurs courts métrages expérimentaux.
Il réalise en 1996 son premier long métrage, Le Jour où le cochon est tombé dans le puits suivi deux ans plus tard du Pouvoir de la province de Kangwon et en 2000 de La Vierge mise à nu par ses prétendants. Salués par la critique et primés dans les festivals (Rotterdam, Vancouver, Pusan), ces trois films sortiront en France en 2003. Sangsoo y décrit avec un remarquable sens du détail le quotidien de jeunes Coréens, leurs relations de couple conflictuelles et leur malaise existentiel latent.
Suivront trois oeuvres coproduites par la France, Turning Gate en 2002, La femme est l’avenir de l’homme en 2004 et Conte de cinéma en 2005. Avec Woman on the Beach (2007), Night and Day (2008) et Les Femmes de mes amis (2009), le cinéaste confirme ses obsessions. Oscillant toujours entre l’expérimentation conceptuelle et le réalisme.
Ha Ha Ha et Oki’s Movie, réalisés en 2010, et Matins calmes à Séoul (The Day He arrives) en 2011, confirment le fait que, si chacun des titres semble répéter le précédent, il s’en distingue toujours subtilement et essentiellement.
En 2012, In Another Country dans lequel joue Isabelle Huppert est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes.
En 2013, Haewon et les hommes (Nobody’s Daughter Haewon) est sélectionné au festival de Berlin. Sunhi (Our Sunhi) est présenté au festival du film asiatique de Deauville et reçoit le prix de la mise en scène au festival de Locarno. En 2014, Hill of Freedom reçoit la Montgolfière d’Or au festival des trois Continents à Nantes.

Filmographie

2018 Hotel by the river
2017
Grass
2017 Le jour d ‘après
2017 La caméra de Claire
2017 Seule sur la plage la nuit
2015 Un jour avec, Un jour sans
2014 Hill of freedom
2013 our Sunhi
2012 Haewon et les hommes
2012 In Another Country
2011 The Day he arrives (Matins calmes à Séoul) 
2010 Oki’s movies
2010 ha ha ha
2009 Les femmes de mes amis
2008 Night and Day
2007 Woman on the beach
2005 Conte de cinéma
2004 La femme est l’avenir de l’homme
2002 Turning gate
2000 La vierge mise à nu par ses prétendants
1998 Le pouvoir de la province de Kangwon
1996 Le jour où le cochon est tombé dans le puits

ENTRETIEN

CRITIQUE  PAR JEONG HANSEOK

(···) Et imaginons que par surprise, ce puzzle redistribue ses pièces afin de  former de nouvelles associations et qu’à chaque fois, ce puzzle présente une nouvelle vision cruciale de la vie. En d’autres termes, à chaque fois que les pièces du puzzle changent de position et d’associations, la représentation qui en résulte est différente, mais ce qui surprend, c’est que chaque représentation capture l’essence de la vie de manière similaire. Ainsi, il faut penser que la valeur de ce film réside non pas dans sa version telle qu’elle est proposée mais bien dans le mouvement qu’offre ce changement perpétuel. C’est la force de ce film puzzle qui dépeint la vie de manière infinie. Tout cela peut-il bien exister ?
J’en doute. Mais La Caméra de Claire de Hong Sang- soo semble évoquer un puzzle photographique imaginaire.
Manhee (Kim Minhee) se fait virer du jour au lendemain au cours d’un voyage d’affaires à Cannes au motif d’un comportement soi-disant malhonnête, le réalisateur So (Jung Jinyoung) est la cause de ce licenciement, la PDG de la société de ventes internationales (Chang Mihee) vire Manhee à cause de So et Claire (Isabelle Huppert) rencontre par hasard Manhee, So et la PDG sur la Croisette à Cannes et finit par passer de l’un à l’autre, tous ces personnages s’entremêlent dans La Caméra de Claire. Parmi ces personnages, c’est le rôle de Claire qui est le plus fascinant, et les paroles qu’elle prononce sont tout aussi fascinantes. Alors qu’elle prend ces photos pour le plaisir, Claire exprime une chose essentielle : après qu’on l’a photographiée, une personne change toujours un peu. Ainsi, celui qui est  immortalisée par une photo à un instant T se trouve changé juste après ce cliché.
Une chose est certaine au sujet de Claire : elle est le dispositif crucial de ce film qui ressemble à un puzzle de photos exprimant des possibilités infinies. Claire est un peu comme l’appareil photo de La Caméra de Claire. Au moment où elle apparaît entre le réalisateur So et Manhee, le temps suspend son vol et c’est la qualité qui prime. Quand Claire débarque et commence à entrer en contact avec eux, le réalisateur So et Manhee continuent d’exister dans un espace temps indéfini. J’en veux pour preuve la manière dont le temps devient désordonné au moment où Claire intervient et passe du réalisateur So à Manhee.
Par conséquent, Claire est un être humain vivant, mais aussi une forme de manifestation de la « puissance » ou de la « force ». (···)