Saint-Georges de Marco Martins
Film recommandé

Saint-Georges

Marco Martins

Distribution : Damned Films

Date de sortie : 17/05/2017

Portugal / France / 1h52

Jorge, boxeur fauché et sans emploi, voit sa femme le quitter pour repartir au Brésil avec leur fils. Le Portugal étant au bord de la faillite, les sociétés de recouvrement prospèrent. Pour sauver sa famille, Jorge décide alors d’offrir ses services à l’une d’entre elles, malgré leurs méthodes d’intimidation peu scrupuleuses…

Avec : JORGE Nuno Lopes • SUSANA Mariana Nunes • NELSON David Semedo • VITINHO Jose Raposo • ALBANO Jean-Pierre Martins • MAURO Ricardo Fernandes • BEATRIZ Beatriz Batarda • CARDOSO Gonçalo Waddington

ÉQUIPE TECHNIQUE
Réalisation Marco Martins • Scénario Marco Martins, Ricardo Adolfo • Recherches Mariana Fonseca • Image Carlos Lopes • Montage Mariana Gaivão • Décors Wayne Dos Santos • Costumes Isabel Carmona • Son Olivier Blanc • Mixage Hugo Leitão • Musique Nuno Malo, Rafael Toral, Hugo Leitão
Casting (Portugal)  José Pires • Casting (Brésil) Daniela Pereira • Direction de production Ângela Cerveira • Coproduction Maria & Mayer LDA • Production Maria João Mayer, (Filmes de Tejo – Portugal), Francois D’Artemare, (les Films de l’Après-midi – France)

Marco Martins

Né à Lisbonne en 1972, il suit des cours à New-York et travaille avec Wim Wenders, Pedro Costa et Manoel de Oliveira. Après plusieurs courts métrages, il réalise en 2005 ALICE, son premier long métrage présenté à la Quinzaine des Réalisateurs.

Filmographie

2016 SAINT GEORGES
2013 TWENTY-ONE-TWELVE: THE DAY
THE WORLD DIDN’T END (doc)
2010 TRACES OF A DIARY (doc)
2009 HOW TO DRAW A PERFECT CIRCLE
2005 ALICE

L’ORIGINE DE SAINT GEORGES

SAINT GEORGES est le résultat de deux années de recherche sur l’une des périodes les plus sombres de l’histoire récente du Portugal, où le pays a vécu une profonde crise économique. Les salaires étaient bloqués, les gens mis à pied. Beaucoup de familles se sont retrouvées à la rue. Le niveau d’endettement a atteint des sommets inédits et les gens se sont retrouvés incapables de rembourser leurs dettes. Le film vient de l’urgence de ne pas oublier une période où les conditions socio-économiques des Portugais s’abaissaient de jour en jour. La part humaine de cette époque désespérée se voit du point de vue de Jorge (Nuno Lopes), chômeur de longue date qui vit dans une communauté à Lisbonne, au sud de la rivière Tagus. J’ai fait le choix d’ajouter une dimension documentaire à l’histoire, avec différentes véritables discussions d’acteurs non-professionnels. SAINT GEORGES est comme un documentaire caché derrière un travail de fiction, parcourant les histoires des victimes invisibles de la crise.

LE PERSONNAGE DE JORGE
Jorge est clairement une victime de la crise. Autour de lui, tout s’effondre. Il a perdu son boulot, et maintenant sa famille.Il essaye de se battre contre la fatalité, mais les cartes sont contre lui. C’est un homme plutôt naïf et qui n’est pas préparé à ce qui se passe autour de lui. En arrivant dans la société de recouvrement, il voit beaucoup de personnes dans les mêmes conditions que lui. L’ironie du personnage veut qu’il décide de payer ses propres dettes grâce à l’argent qu’il gagnerait surles dettes des autres, en utilisant la force physique. Mais son principal dilemme est moral, c’est un boxeur, mais il n’est pasviolent. Nous pensions que ce serait beau qu’il ait un saint patron et en écoutant la prière à Saint Georges, nous avons également trouvé le titre.

LA BOXE
Nuno Lopes m’avait dit un jour qu’il aimerait faire un fi lm de boxe. Ça m’intéressait beaucoup moins que lui, car il y a déjà eu des milliers de films sur la boxe. Mariana Fonseca, qui m’aidait dans mes recherches, a commencé à visiter des gymnases et à interviewer des boxeurs. La crise économique est devenue un personnage du film lorsque nous avons compris que la plupart travaillaient comme garde de nuit, la boxe au Portugal étant surtout d’un niveau amateur, ne payant que de façon très occasionnelle. Avec la crise, ils ont commencé à travailler également pour les sociétés de recouvrement aux méthodes pas trop légales.

LES SOCIÉTÉS DE RECOUVREMENT
J’ai entendu tout type d’histoires incroyables sur la manière dont les dettes pouvaient être collectées. La réalité a vite dépassé la fiction et les premières versions du scénario. J’ai alors voulu faire un film sur la crise. J’ai commencé à m’appuyer sur le langage documentaire et la narration proche du néoréalisme. Et en revoyant des polars de Jules Dassin et SANG ET OR, de Robert Rossen, j’ai pensé qu’il serait intéressant de prendre une approche documentaire, brute et réaliste, et de l’associer à un autre genre. Je voulais vraiment parler de la réalité d’un pays en changement, de l’aborder d’une manière intéressante et originale.

ENTRE FICTION ET DOCUMENTAIRE
Travailler avec des acteurs non-professionnels a beaucoup changé mon approche filmique, notamment sur les tournages de documentaires. C’était essentiel de tourner avec des vrais gens pour SAINT GEORGES. Des acteurs n’auraient pu remplacer ces personnes de la vraie vie que je rencontrais. J’ai recréé un espace où les acteurs pouvaient coexister avec les habitants locaux, avec les boxeurs et avec des personnes endettées également. Pendant plusieurs mois, on a fait des répétitions où tout le monde participait. C’était nécessaire de vraiment s’immerger dans ces univers de boxe, de société de recouvrement… Aucun dialogue n’a été écrit pour les acteurs non-professionnels. Ils ne tournaient pas non plus à 7 ou 8 h du matin. Le documentaire ne requiert pas la direction quasi militaire d’un film de fiction. Nous avons invité quelques personnes du quartier à discuter et nous avons conduit les conversations pour qu’elles tournent autour des problèmes du chômage, de la sécurité, du salaire minimum. Comme je l’imaginais il y a eu des réactions fortes et j’ai ainsi remis ces thèmes au centre lorsque nous avons commencé à tourner. Il y avait parfois de longues plages d’improvisation de quatre ou cinq heures sur le même sujet. Le tournage complet a pris environ 9 semaines. C’était plus long que d’habitude car j’ai constamment essayé de croiser le documentaire avec la fiction. C’est un film qui demande une grande liberté formelle et c’est ce qui m’a amené à passer 6 mois en montage pour justement trouver ce bon équilibre entre fiction et documentaire.

NUNO LOPES / JORGE
Nuno n’avait jamais fait de boxe. C’est pourtant bien lui dans les scènes de combat, que nous avons tourné lors d’un vrai tournoi de boxe. Il a d’ailleurs reçu des coups et certaines de ses blessures dans le fi lm sont réelles. Nous avions très peu de temps pour filmer. Nuno a pris 20 kilos pour le rôle. Il s’est entraîné pendant 6 mois, est allé dans les quartiers où nous allions tourner. Il a commencé à traîner avec les mecs qui bossaient pour les sociétés de recouvrement.
Nous sommes très amis avec Nuno et nous travaillons ensemble sur des projets de cinéma et de théâtre depuis des années. Nous discutons toujours beaucoup de nos travaux respectifs et sommes tous les deux assez têtus ! Quand nous nous disputons c’est toujours à propos d’un fi lm ou de dramaturgie. Il y a une franchise dans nos discussions qui est très productive.

MARIANA NUNES / SUSANA
Le rôle de Susana est joué par l’actrice brésilienne Mariana Nunes. Je voulais un personnage de femme, une mère immigrante brésilienne, qui veut retourner dans son pays d’origine car le père ne paye plus de pension alimentaire. J’étais conscient de la difficulté à trouver une actrice au Portugal, étant donné que je cherchais quelqu’un de très spécifique. N’ayant rencontré personne ici, je suis allé avec Nuno Lopes à Rio. Avec l’aide d’un bon directeur de casting, nous avons cherché parmi les troupes de théâtre des favelas. Mariana avait une expérience dans ce milieu-là et était également apparu dans quelques séries et films au Brésil (PELE : BIRTH OF A LEGEND, TRINTA, RIO SIEGE) DAVID SEMDO / NELSON
J’ai vu près de 4000 enfants avant de trouver Nelson. Pendant la préparation du casting, avec mon ami Zé Pirès, nous avons demandé à des écoles de Lisbonne, la permission de nous assoir dans les salles de classes pour observer les enfants. Nous avons fait les auditions avec Nuno Lopes car il était indispensable d’avoir une belle connexion entre eux deux. Le petit garçon devait aimer Nuno, s’identifier à lui et inversement. Lorsque nous sommes arrivés à trois « finalistes », j’ai entrepris un long travail avec eux. Mais c’était évident que David était le bon. Il est très intelligent et il savait exactement ce qu’on attendait de lui pour ce rôle.

TOURNER UN FILM AU PORTUGAL
Cela devient de plus en plus difficile de faire un film au Portugal. C’est aussi de plus en plus compliqué de trouver une équipe prête à s’engager avec la même passion que toi. Cela peut devenir une entreprise très solitaire. Mais j’ai la chance d’avoir une équipe soudée. Mon directeur de la photo est toujours le même : Cacà (Carlos Lopes). Mariana Fonseca s’occupe aussi toujours des recherches et j’aime travailler avec l’acteur Nuno Lopes. La préparation de SAINT GEORGES a commencé il y a cinq ans. Les recherches, l’écriture, le financement, tout cela a pris beaucoup de temps. Ce film m’a amené dans des endroits où je n’étais jamais allé auparavant. Cela m’a ouvert des portes sur de nouvelles choses à explorer.